Les soins de santé primaire (soins primaires), sont le premier niveau de contact des individus, de la famille et de la communauté avec le système national de santé, constituant le premier élément d'un processus ininterrompu de protection sanitaire.
Les soins de santé primaire représentent l'ensemble des services minimums dont la population d'un territoire donné a besoin. 
Les soignants qui s'engagent dans cette démarche essaient de répondre au maximum à la demande de soins qui se présente à eux, en ayant recours aux acteurs du niveau secondaire de soins (spécialistes, centre hospitalier...) de façon la plus rationnelle possible.
Une telle approche a été démontrée comme la plus efficiente, c'est à dire la plus économe pour un service de qualité identique, par de nombreuses études déjà menées en France, en Belgique et au Québec.
Pour cela ces soignants travaillent en pluridisciplinarité (médecins généralistes, infirmiers) et selon des compétences précises.

Les médecins généralistes , outre la médecine générale courante , assurent une pratique en gynécologie, planification familiale (incluant les interruptions volontaires de grossesse par voie médicamenteuse) , urgences, petite chirurgie, thérapies brèves (notamment pour la prise en charge des addictions).
Ils expérimentent l’acquisition de nouvelles compétences comme la formation à l’utilisation de l’échographe en médecine générale, qualifié par certains médecins qui l’utilisent déjà (en France, Belgique et au Québec)  comme « stéthoscope du vingt et unième siècle » évitant certains examens biologiques et passages aux urgences.
Ils adhèrent à la charte de l' Association Mieux Prescrire, éditrice de la revue Prescrire, une des rares revues médicales indépendante de l'industrie pharmaceutique.

Les infirmiers, outre les soins infirmiers courants,  s’approprient des champs nouveaux : éducation thérapeutique, hygiène de vie...
Si « la case de santé » a démarré son activité sur un mode expérimental avec une répartition des tâches entre médecin et infirmier qui s’est faite en fonction de la demande des usagers, il est maintenant temps de passer à une formalisation dans la répartition des tâches entre les soignants de santé primaire.
C’est ainsi que nous avons démarré un programme d’écriture de protocoles pour la délégation de tâches et le transfert de compétences : il s’agit maintenant de passer du stade de lieu expérimental à une étape de lieu de recherche en santé primaire.

A) Un lieu de recherche pour la délégation de tâches et le transfert de compétences lire
B) Plateau technique, logiciel informatique
lire
C) Des temps de formation adaptés lire
D) Une permanence des soins : le "portable rouge" lire


A) Un lieu de recherche pour la délégation de tâches et le transfert de compétences
Les discussions autour de la répartition des rôles entre médecins et infirmiers occupent les débats aussi bien au niveau des responsables politiques et administratifs que sur le terrain et dans les Ordres. La volonté de création d’un Ordre infirmier va probablement dans ce sens.  Mis en pratique depuis longtemps dans les services hospitaliers (diabétologie, urgences, planification familiale…), il est temps d’inventer au niveau des soins primaires de nouveaux modes de coopération qui permettent à tous les soignants de trouver la place qui est la leur : à la fois en fonction de leurs compétences mais aussi au niveau de la conception qu’ils ont de la pratique de leur Art (médical ou infirmier par exemple). Il s’agit bien là de coopérer et non d’imposer à une catégorie de soignants des tâches qu’une autre lui assignerait.


B) Plateau technique, logiciel informatique
Le plateau technique de « la case de santé » a dû être adapté à cette pratique : locaux accessibles aux personnes à mobilité réduite,  table d'examen gynécologique, électrocardiogramme, échographe, doppler, saturomètre, pharmacie, générateur d’aérosol, matériel de perfusion et solutés injectables,  sets de suture et de pose de stérilets, chariot de secours ...

Un logiciel informatique permettant le travail pluridisciplinaire (dossier médical partagé par l'équipe) a aussi été installé en réseau dans les locaux ainsi que les outils nécessaires à la lecture des cartes vitales et à la télétransmission. Ce logiciel permet aussi de coder les différents actes ou les différents motifs de consultation (Classification Internationale des Soins Primaires-CISP) ce qui est un outil efficace pour dresser des bilans chiffrés de notre activité. Il permet aussi d’effectuer des relevés d’indicateurs sociaux, de conditions de vie et d’effectuer un traitement statistique des données.
«  La case de santé » organise les ateliers internationaux du CISP-club dans ses locaux du 17 au 19 Octobre 2008 pour une réflexion sur les systèmes d’information en pratique de santé pluridisciplinaire de soins primaires (http://www.cispclub.org/).
Notre centre de santé est ainsi moteur de la réflexion qui réunira plusieurs chercheurs et soignants francophones autour du thème « Systèmes d’information et pris en charge pluridisciplinaire en santé de première ligne »


C) Des temps de formation adaptés
Une équipe de santé qui désire répondre efficacement à des demandes variées doit avoir une formation initiale de qualité mais surtout mettre en place des outils de formation continue adaptés.
Elle doit aussi développer une véritable compétence de supervision pour favoriser les pratiques coopératives, en pluridisciplinarité.
La formation du personnel de « la case de santé » se déroule selon plusieurs modalités:

  • les formations externes
  • les formations internes: chaque soignant dispose d'une demi-journée par semaine pour se former et réaliser les protocoles de soins. Une fois par mois a lieu une réunion où sont décidés les protocoles pluridisciplinaires et de délégation des tâches. Une fois par semaine a lieu une réunion médicale autour des dossiers qui posent question. La rencontre est l'occasion d'une présentation sur un thème lié au dossier : par exemple autour d'un dossier d'un patient touché par une hépatite virale, un résumé des dernières recommandations en matière de diagnostic et de thérapeutique des hépatites virales est effectué. 
  • la participation à des réseaux de santé : l'ensemble de l'équipe s'insère progressivement dans les différents réseaux existants toulousains et a déjà mené des actions ponctuelles en collaboration avec ceux-ci (toxicomanies/ »passages », précarité/ »réseau santé précarité », VIH « corevih », hépatites/ « hepatomip », grossesse /« matermip », douleur et drépanocytose / « paliadol », personnes âgés/ « gérontopastel », soins palliatifs/« oncomip »...).


D) Une permanence des soins : le "portable rouge"
Un numéro de portable d'urgence est mis à la disposition des usagers depuis février 2008. Ce portable est activé de 9h à 21h tous les jours y compris samedis, dimanches et jours fériés. Si des financements étaient disponibles pour ce temps infirmier, nous pourrions élargir ces horaires de permanence qui ne sont actuellement pas rémunérés.
A terme, l’idée est de couvrir les moments où la permanence des soins est la plus sollicitée : en soirée de 21h à 00h et le week end, notamment le samedi après-midi. Il s'agit d'une régulation infirmière en lien avec un médecin de garde. Un registre des appels est tenu. Une consultation est organisée dans les locaux de « la case de santé » si nécessaire.
Cette garde entraine environ une vingtaine d'avis téléphoniques infirmiers par semaine, environ 5 avis médicaux, et une à deux consultations médicales. On estime à 5 environ, le nombre de consultations par semaine évitées dans un service de permanence de garde.