Communiqué de la Case de Santé:
Nous apprenons par la presse la tenue d’un évènement intitulé “Les femmes sont dans la place !” qui se déroulera la 4 juin sur la place Arnaud Bernard, donc devant nos locaux
Les organisatrices de cette manifestation, qui ne nous ont pas sollicité ou même informé de leur démarche, prétendent notamment que pour combattre le sexisme, il s’agit de “rappeler la primauté du droit français sur les normes, les traditions, les coutumes, les usages.”
La Case de Santé combat au quotidien toutes les discriminations, qu’elles soient basées sur la couleur de peau, la nationalité, le sexe, l’orientation sexuelle, l’appartenance réelle ou supposée à telle ou telle religion, etc.
Si les présupposés avancés par les organisatrices n’ont rien d’originaux et ne sont malheureusement que la reproduction du discours dominant depuis malheureusement de nombreuses années, nous dénonçons son caractère réducteur et raciste.
Il y aurait donc un sexisme particulier à Arnaud Bernard. Pas le sexisme qui conduit au fait qu’il y a seulement 25% de femmes à l’Assemblée Nationale (même niveau que la Tunisie et l’Afghanistan), ou que seulement 10% des préfets sont des femmes, ou encore que parmi les entreprise du CAC 40, aucune n’est dirigée par une femme. Pas non plus le sexisme qui provoque un écart de salaire moyen entre les hommes et les femmes de 23,5%. ou le fait que les femmes occupent 80% des temps de travail partiel. Ce n’est pas non plus le même harcèlement sexuel que celui qui sévit sur les bancs de l’Assemblée Nationale, ou partout ailleurs.
On pourrait dire beaucoup aussi de l’image des femmes véhiculée par les publicitaires, qui ne sont généralement pas, loin s’en faut, issues des classes populaires, ni de l’immigration africaine.
Après cela, on peut difficilement prétendre que le respect de la femme et le principe d’égalité font partie de "nos valeurs républicaines", et qu’ils s’arrêtent aux portes du quartier Arnaud Bernard.. Car en termes de domination masculine, Arnaud Bernard ne diffère pas vraiment des bancs de l’Assemblée Nationale ou des fauteuils des Conseils d’administration.
Il faut dénoncer le sexisme, mais lutter contre le sexisme en stigmatisant l’immigration ou l’islam est intolérable. Nous regrettons que de façon globale (même si d’autres voix se font entendre, heureusement), le féminisme français continue à diffuser ce type de discours issu de notre culture coloniale.
L'équipe de La Case de Santé